
Né le 20 janvier 1946 à Missoula dans le Montana, « Mes débuts ont été des plus normaux, j’ai grandi dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. Mon père était chercheur, c’était un ingénieur des eaux et forêts attaché au ministère de l’Agriculture. Donc j’ai passé beaucoup de temps dans les bois. Et les bois pour un enfant, c’est magique. J’ai vécu dans ce que les gens appellent des petites villes. Mon monde s’étendait sur un pâté de maisons, peut-être deux. Tout se passait dans ce périmètre. Toutes mes rêveries, tous mes amis existaient au sein de ce petit monde… »
Lorsque David Lynch évoque son enfance, il l’a décrit comme une période idyllique et principalement nomade puisque le travail de son père obligeait la famille à déménager fréquemment. Il a vécu à Missoula, Sandpoint, Idaho, Spokane, Washington, Durham, puis en Caroline du Nord, à Boise et Alexandria.
L’exploration de l’Amérique profonde marquée par ses régions montagneuses a de manière incontestable alimentée certaines de ces œuvres telles qu’elles soient. Les zones forestières fascinent l’enfant, cette nature que l’on peut assimiler au père crée un fort contraste avec le monde étrange produit par la ville qui mêle les fumées d’usines au bruit incessable des moteurs produits par les véhicules.
L’enfance de ce baby-boomer est marquée par les années 50 : La période d’après-guerre dans laquelle il baigne est qualifiée par l’essor du nouveau modèle américain caractérisé par une société de consommation florissante. Les Etats-Unis sont à leur apogée, l'american way of life apparaît.
Selon lui, il perçoit l’étrangeté dans les banlieues résidentielles des villes américaines dont les plans en damier sont effectués au tracé régulier et orthogonal.
L’élève Lynch est plutôt moyen. A la base, rien ne le prédisposait au cinéma, il est passionné par la peinture qui lui sert de moyen d’expression depuis son adolescence, d’ailleurs, il n’abandonnera jamais cette forme d’art.
En possession du bac, Il entre à la Boston Museum School en 1964. La même année, il part avec son colocataire Jack Fisk en Autriche afin d’étudier trois ans à Vienne et rencontrer le peintre expressionniste Oskar Kokoschka. Le séjour durera seulement quinze jours ; Déçu, il revient aux Etats-Unis et travaille dans un cabinet d’architecte à Philadelphie mais se fait rapidement licencié pour manque d’assiduité.
Le réel changement intervient en 1965, Lynch s’inscrit finalement à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie. Cette école lui permet de découvrir le travail de Pollock, Hopper et Bacon dont il s’inspire dans ses réalisations artistiques.
A la fin des années soixante, Lynch commence à saisir les limites de sa propre relation avec la peinture. Il manque deux dimensions à celle-ci : le mouvement et le son.
Il découvre alors le Film Painting et réalise son premier court métrage à l’aide d’une caméra 16mm. Il s’agit de Six Men Getting Sick (1967), une peinture animée de quatre minutes.
L’architecture prend une place considérable pour le cinéaste, cet attrait apparaît dès son premier long métrage Eraserdhead :
« L’architecture est une chose à laquelle je pense constamment (…) J’ai besoin d’espaces qui me correspondent. J’investigue souvent dans cette direction, mais je ne suis pas architecte. C’est pour cela que j’admire l’architecture, pour ce qu’un espace bien conçu peut engendrer comme changement chez une personne. La dimension de l’espace est toute autour de nous. Mais capturer l’espace et le transformer pour lui donner une plus-value significative est une forme d’art qui a ses propres règles. Et peu de gens savent le faire. La plupart des maisons, spécialement aux Etats-Unis, sont autodestructrices. Elles sont dépourvues de toute conception. Je pense qu’elles extirpent tout bonheur possible pour les gens, et c’est vraiment difficile de vivre dans ce genre d’endroit.»
Parallèlement à l’architecture, Lynch se passionne pour les friches industrielles «J’aime les usines qui sont des usines abandonnées où la nature commence à se réapproprier le lieu (...) »
De 1980 à 2000, il capture des clichés des industries délaissées et de leurs terrains désaffectés. Le cinéaste s’est rendu sur d’anciennes friches en Allemagne (Berlin), Angleterre, Pologne (Lodz) et aux États-Unis (principalement à New York et dans le New Jersey) ce travail de quatre-vingt tirages en noir et blanc a donné lieu à une exposition «The Factory Photographs», qui s’est tenue à la Photograph’s Gallery de Londres en 2014 : « J’aime l’industrie. Les tuyaux. J’aime les fluides et la fumée. (...) Et j’aime voir la boue et les déchets créés par l’homme.»